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Comprendre l’irrigation localisée en goutte à goutte

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Qu’est-ce que le goutte à goutte ?

Le goutte à goutte est une technique de micro-irrigation localisée. C’est-à-dire qu’elle apporte de l’eau aux racines de manière précise, à faible débit. C’est le système d’irrigation le plus efficient en eau. En France, où les surfaces équipées en micro-irrigation sont encore faibles, le goutte à goutte s’avère particulièrement adapté à certains types de cultures. On peut citer notamment la viticulture, l’horticulture, des cultures fruitières spécialisées, le maraîchage et les cultures sous serres. Pour les grandes cultures, le goutte à goutte est encore à l’essai, mais il a globalement fait ses preuves. Les choix sont à arbitrer en fonction des installations de surface ou enterrées, et au niveau du retour sur investissement.

La vidéo suivante permet de bien comprendre comment est installé un réseau d’irrigation, depuis la ressource en eau jusqu’au système racinaire. Il s’agit ici d’une grande culture de maïs, mais les étapes d’installation sont valables pour toutes les cultures.

Pourquoi le goutte à goutte ? Les critères à prendre en compte

Aujourd’hui, avec la hausse du coût de l’énergie et la restriction de l’usage de l’eau, le goutte à goutte est souvent présenté comme la solution idéale. Notamment dans les zones arides, car l’arrosage par goutte à goutte est moins sensible à l’évaporation que les autres techniques d’irrigation par aspersion. Cette méthode présente l’avantage de ne pas « mouiller » les plantes. En plus de ne pas subir le vent comme l’aspersion, le goutte à goutte permet une fertigation (ou ferti-irrigation) plus efficace car localisée.

Il existe différents modèles de produits et différents accessoires que nous présenterons plus bas. Pour commencer il faut prendre en compte plusieurs critères dans le choix de la solution idéale :

  • Le besoin en eau des plantes
  • La nature du sol (texture, structure)
  • La qualité de l’eau
  • Le dénivelé de la parcelle
  • La taille de la parcelle
  • La durée d’utilisation du matériel
  • Les débits et pressions
  • Le mode d’utilisation : goutte à goutte enterré ou goutte à goutte de surface
  • Les schémas de plantation

Quel matériel choisir ?

L’investissement dans un équipement de goutte à goutte peut être onéreux. Avant de se lancer, il convient donc de bien anticiper sa stratégie. Selon les critères présentés plus haut nous verrons les différents équipements et techniques possibles. Nous allons donc répondre aux 4 questions les plus fréquentes au sujet de l’irrigation par goutte à goutte.

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1. Goutte à goutte annuel ou pérenne ?

Le goutte à goutte annuel ou gaine est un goutte à goutte à paroi fines. Il est donc limité par une faible pression d’utilisation, et plutôt adapté aux terrains plats. Son utilisation est limitée à une année de production, et doit donc être enlevé ou déposé en fin d’utilisation et renouvelé l’année suivante. L’investissement comprend donc le goutte à goutte en lui-même, le recyclage, la main d’œuvre. Les gammes comprennent des diamètres et des espacements de goutteurs différents, des débits différents et permettent également de s’adapter aux besoins de la culture. Cette solution est moins onéreuse que le goutte à goutte pérenne, cependant elle est plus fragile. La gaine demande donc une attention particulière lors de la pose, pour éviter les frottements au sol, éviter les micros-lésions. Elle demande également une filtration et un contrôle de pression bien mené.

Le goutte à goutte pérenne aux épaisseurs de parois plus élevées (1.1 ou 1.2mm en moyenne) est plus onéreux, mais dure plusieurs années. Selon la nature de votre culture, l’investissement ramené à l’année peut être au final moins important qu’avec la gaine. Le goutte à goutte pérenne utilise majoritairement des goutteurs cylindriques, mais une solution intermédiaire se développe avec du goutte à goutte pérenne à goutteurs plats. Le diamètre de paroi est ici inferieur (de 0.7 à 1mm environ).

Les 2 solutions peuvent faire l’objet d’installations enterrées. Ce sont donc les contraintes de votre culture (type de cultures, espacements, besoins en eau, nature du sol, terrain…), la durée d’utilisation projetée et bien sûr votre plan de financement qui permettront d’affiner le choix.

2. Quels sont les différents types de goutteurs ?

On distingue deux types de goutteurs : Les goutteurs intégrés : ils sont injectés dans le tube lors de la fabrication. Ils ne sont pas visibles à l’extérieur. Le tube n’a donc pas d’aspérité (plus simple à transporter / à installer). Les goutteurs intégrés peuvent être cylindriques utilisables pour des pressions moyennes, ou plats pour des plus petites pressions. Les autres sont les goutteurs rapportés : les goutteurs se rajoutent sur le tube. Ils sont « piqués » dans le tube et sont donc visibles à l’extérieur. Ces derniers présentent l’avantage d’avoir un espacement de goutteurs sur mesure.

Les goutteurs peuvent être autorégulants ou non autorégulants. S’ils sont autorégulants, cela signifie que l’écart de distribution en eau entre le 1er goutteur et le dernier goutteur sur une même rampe de goutte à goutte est minime, et non sensible à la pression.

Comment faire son choix de goutteurs ? Commencer par vous demander quelle quantité d’eau vous souhaitez apporter. C’est votre projet agronomique qui définira le type de goutteurs et les écartements (spécifiques ou réguliers). Anticipez aussi la possibilité d’augmenter les apports en eau par arbre/plant.

3. Comment définir la position des rampes et des goutteurs ?

Il est conseillé de placer les rampes de goutteurs à 20cm de la culture afin d’éviter l’asphyxie des racines, voire même des maladies selon les espèces. Il est possible de positionner une double rampe afin d’obtenir une meilleure homogénéité et un meilleur développement racinaire pour les arbres. Cependant s’il n’est pas dimensionné correctement, un système double rampe peut mener à une sur-irrigation…

Les rampes peuvent être posées au sol, en aérien, suspendues sur un palissage, ou bien enterrées. Attention également à la longueur des rampes : en fonction du diamètre du tuyau et du débit des goutteurs, des longueurs maximales sont à respecter. De plus si la pression est trop différente entre le début et la fin de la rampe, le débit ne sera pas le même (il ne faut pas dépasser 20% d’écart).

Enfin, l’espacement entre goutteurs dépendra quant à lui du type de culture. En maraîchage il sera autour de 25cm. En arboriculture, chez certains arbres comme le pommier ou le poirier, l’espacement ira de 50cms à 1.00m.

4. Goutte à goutte de surface ou enterré ?

Le goutte à goutte enterré est souvent présenté depuis ces dernières années, comme la solution la plus économe en eau, et facilitant l’entretien des vergers. Mais est-ce une solution envisageable pour tout le monde ? Pour commencer, comme nous l’avons dit, le goutte à goutte de surface permet déjà une très bonne efficience de l’eau, et une faible consommation en énergie. Il est cependant sensible aux opérations d’entretien et de travail du sol. Le suivi de l’irrigation est ici facilité car l’arrosage est vérifiable.

Le goutte à goutte enterré demande une infrastructure spécifique afin de ne pas laisser les tuyaux enterrés remplis d’eau entre chaque irrigation. La filtration doit être particulièrement soignée car un bouchage ne sera pas visible. Il est, dans l’ensemble moins sensible aux insectes, mais des attaques d’insectes sur les membranes de goutteurs enterrés ont pu être constatées dans plusieurs zones en France. La proximité avec le système racinaire renforce l’efficience des apports en eau. Cependant les coûts d’installation sont encore plus importants. Il limite évidemment le travail du sol. Pour finir, il est encore difficile d’établir la longévité de cette technique sur le long terme.

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Quelques conseils pour terminer

Avant de finir nous voulions donner trois petits conseils concernant la gestion de votre matériel d’irrigation en goutte à goutte.

L’entretien du réseau

Etant donné les coûts de départ d’un projet de goutte à goutte, il est conseillé d’entretenir correctement son réseau d’irrigation. Cela commence par le contrôle de la qualité de l’eau, en s’assurant du bon dimensionnement du système de filtration en amont (de 80µ à 130µ microns). Penser à la filtration principale et à la filtration secondaire si nécessaire. Il faut également s’assurer du bon fonctionnement des goutteurs en cours de saison.

La ferti-irrigation ou fertigation

La fertilisation est une des clés des gains de rendements avec le goutte à goutte. L’irrigation localisée permet un apport localisé des intrants et renforce l’efficacité des apports.

Le pilotage de l’irrigation

L’installation doit être dimensionnée en fonction de la ressource en eau et du besoin d’irrigation. Un système d’automatisation efficace est impératif afin de ne pas sur-irriguer et perdre un des avantages de cette technique. De plus en micro-irrigation, l’utilisation de sondes et autres appareils de mesures sont vivement conseillées. L’irrigation de précision prendra alors tout son sens. En goutte à goutte il est indispensable de s’équiper de sondes tensiométriques pour contrôler l’humidité du sol. Elles permettront d’évaluer et de suivre l’efficience de l’eau.

Le recyclage du goutte à goutte

Le goutte à goutte rigide, en polyéthylène est souvent racheté dans des centres de recyclage (seulement les parties en polyéthylène). Certains fournisseurs peuvent même reprendre les gaines, si elles ne sont pas mélangées aux herbes sèches ou autres matières imposant de trier avant les opérations de recyclage. Pour rappel, il est interdit de brûler les gaines !

Dans tous les cas, il vaut mieux demander à son fournisseur de matériel ce qu’il sera possible de faire après utilisation du matériel.

Sources :

10 clés pour comprendre l’irrigation en agriculture, Edition France Agricole
ardepi.fr (les fiches Eau Fertile)
Soverdi